Il y a plus d’un demi-siècle, alors que le climat social était en pleine ébullition, le Québec a mis de l’avant de nouvelles idées, véhiculé une vision novatrice de l’État et proposé une série impressionnante de réformes en matière de santé, d’économie et surtout d’éducation. C’est dans ce contexte que les membres de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec, mieux connue sous le nom de commission Parent, ont entrepris une audacieuse aventure qui a débouché sur une transformation sans précédent de la société québécoise.
L’un des fers de lance de cette transformation fut la création, dès 1967, du réseau des cégeps à la suite des recommandations de cette commission, ce qui a notamment donné la chance aux jeunes du Québec d’accéder à l’enseignement supérieur dans leur région respective, d’acquérir une formation générale et de côtoyer dans un même établissement d’autres jeunes aux profils variés.
On peut, 50 ans plus tard, clamer haut et fort que plusieurs des objectifs de la commission Parent ont été atteints, et même dépassés, grâce aux cégeps. En plus d’offrir une formation complète à leurs étudiants, leur donnant la chance à la fois de se réaliser professionnellement et de se développer chacun comme citoyen à part entière, les cégeps ont permis de démocratiser et de laïciser l’enseignement supérieur partout sur le territoire, et ont favorisé son accès aux femmes.
Aujourd’hui, les cégeps offrent un enseignement supérieur de qualité, aux jeunes comme aux adultes, et ils sont aussi, encore et toujours, « la chose de leur milieu », au diapason des besoins de leur région, selon la volonté des membres de la commission Parent.
Comme vous le verrez de manière plus détaillée au fil des pages suivantes, l’année 2017- 2018 a été l’occasion pour la Fédération des cégeps de célébrer 50 années de réussite et d’évolution, en organisant une série d’événements et d’activités pour mettre en lumière la contribution des cégeps à l’essor du Québec d’hier, mais aussi d’aujourd’hui et de demain.
Tout d’abord, plus d’une cinquantaine de personnalités publiques, issues diversement du monde des affaires, du domaine politique ou encore des milieux scientifique, culturel et sportif, ont livré des témoignages vidéo à titre d’ambassadeurs et d’ambassadrices des 50 ans des cégeps où elles ont été formées et diplômées. Ces témoignages, qui ont été diffusés, visionnés et partagés tout au long de l’année sur différentes plateformes, illustrent le rôle crucial des cégeps dans le développement du Québec des 50 dernières années.
Le 11e congrès de la Fédération des cégeps, organisé en partenariat avec l’Association des cadres des collèges du Québec (ACCQ), s’est quant à lui déroulé sur le thème des 50 ans d’évolution des cégeps les 25 et 26 octobre 2017, à Québec. Moment phare des célébrations du 50e anniversaire des cégeps, ce congrès a été une belle occasion de donner la parole à M. Guy Rocher, dernier témoin de la commission Parent, à titre de conférencier invité, en plus de donner lieu au lancement du livre Le réseau des cégeps : trajectoires de réussites, ouvrage à la composition duquel j’ai eu l’honneur de contribuer en compagnie d’une pléiade d’autres acteurs du milieu de l’éducation et de l’enseignement supérieur. C’est aussi avec une grande fierté et une profonde émotion que j’ai eu l’honneur, en marge de ce congrès, de me rendre à l’Assemblée nationale en compagnie de M. Rocher et des membres du comité directeur de la Fédération pour assister
à l’adoption par les députés de tous les partis politiques d’une motion soulignant les 50 ans des cégeps et réitérant leur importance pour le Québec.
Je m’en voudrais également de ne pas mentionner le concert de l’Orchestre symphonique de Montréal, L’OSM célèbre les 50 ans des cégeps, qui a eu lieu le 30 novembre 2017 pour souligner le 50e anniversaire de la création des cégeps en musique et en chanson, en compagnie d’artistes renommés qui ont fait leurs premières armes grâce à Cégeps en spectacle. Ce concert marquant, qui s’est déroulé dans l’enceinte de la Maison symphonique de Montréal, montre à quel point les activités socioculturelles des cégeps contribuent à façonner le visage culturel et artistique du Québec depuis un demi-siècle. Par ailleurs, ce spectacle a constitué un exploit technique, car il a pu être retransmis en direct dans les cégeps un peu partout au Québec grâce aux étudiants du programme Arts et technologie des médias du Cégep de Jonquière.
Enfin, cette année de célébrations hautes en couleur a aussi été l’occasion, pour le réseau des cégeps et pour le réseau de l’Université du Québec, qui fêtait lui aussi ses 50 ans d’existence, de parler d’une seule voix pour inciter le Québec à se doter d’une stratégie nationale en enseignement supérieur visant à rehausser la participation et la réussite aux études supérieures des Québécoises et des Québécois. Face aux défis que le Québec devra relever au cours des prochaines années, cette déclaration commune, à laquelle toutes et tous peuvent encore ajouter leur signature respective, nous permet de réaffirmer collectivement notre souhait de voir l’enseignement supérieur valorisé et renforcé pour propulser une fois de plus le Québec parmi les sociétés les plus avancées de la planète.