Filtres sélectionnés:
Textes d’opinion
Les étudiants étrangers diplômés des cégeps doivent pouvoir travailler ici
étudiants
Cette lettre ouverte a notamment été publiée dans le journal Le Devoir.
Dans l’article « La fin du permis de travail pour des étudiants étrangers en formation professionnelle inquiète », paru le 5 septembre dans Le Devoir, on parlait des changements apportés aux permis de travail postdiplômes comme touchant « seulement quelques programmes collégiaux ». La Fédération des cégeps juge cependant important de revenir sur les conséquences qu’ont réellement ces changements sur ses étudiants étrangers.
Les cégeps du Québec forment une relève qualifiée et ils intègrent des étudiants étrangers dans des domaines en forte pénurie de main-d’œuvre tels que les soins infirmiers, l’éducation spécialisée ou encore en informatique. Or, malgré cette contribution essentielle, les décisions fédérales survenues dans la dernière année sur l’admissibilité au permis de travail postdiplôme (PTPD) fragilisent gravement notre réseau. En liant l’admissibilité de ce permis de travail à des listes de programmes établies selon des besoins canadiens, et non québécois, on prive toutes nos régions et nos secteurs stratégiques d’une main-d’œuvre précieuse.
Avec l’analyse en cours du ministère de l’Enseignement supérieur du Québec, plus de 55 programmes techniques pourraient ne pas être admissibles au PTPD alors que le Québec manque d’étudiants dans plusieurs de ces programmes.
Le Québec et le Canada ne peuvent pas réclamer une bonne adéquation entre l’immigration économique et les besoins de main-d’œuvre tout en restreignant l’accès au marché du travail aux diplômés formés ici. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement du Québec d’intercéder auprès du fédéral afin de rétablir l’admissibilité au permis de travail postdiplôme de tous les programmes offerts dans les 48 cégeps.
Ces établissements ont toujours pratiqué un recrutement international responsable, contrôlé et éthique et cette démarche a été reconnue, appuyée et parfois même sollicitée par le gouvernement du Québec. Actuellement, on estime que 8650 étudiants étrangers sont inscrits au cégep à l’enseignement ordinaire, soit une baisse de 6,8 % par rapport à 2024. Il s’agit d’une proportion très modeste de l’effectif étudiant des cégeps.
Rétablir l’admissibilité de nos programmes au PTPD n’aurait pas une incidence majeure sur la volonté annoncée par le gouvernement du Québec de demander une réduction de 50 % au Programme de mobilité internationale au gouvernement fédéral.
La majorité des étudiants étrangers au cégep font leur parcours en français. Leur présence contribue directement aux objectifs du Québec et du Canada en matière d’immigration francophone. Les freiner dans leur projet d’études et de vie ici, c’est nuire à la fois à notre vitalité linguistique et à notre prospérité économique.
Comme d’autres acteurs du milieu de l’enseignement supérieur, la Fédération des cégeps soutient les mêmes demandes : l’abolition des quotas de certificats d’acceptation du Québec pour études pour les cégeps et le rétablissement du volet Diplômés du Québec du Programme de l’expérience québécoise. Ces demandes sont d’ailleurs présentes dans le mémoire que nous avons déposé auprès de la Commission des relations avec les citoyens.
Limiter le droit de travailler de ceux qui choisissent le Québec pour leurs études supérieures et, plus largement, prendre des décisions qui nuisent à ceux qui y étudient en français et qui souhaitent y contribuer n’est pas seulement incohérent avec les objectifs énoncés par le gouvernement du Québec. C’est une erreur dont nous porterons collectivement le coût. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas trop tard pour reculer. Pas encore.