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par Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps

Cette lettre ouverte a été publiée dans les médias Le Soleil, Le Journal de Montréal, QUB Radio, Métro et le Portail du réseau collégial.

Alors que nous sortons d’une campagne électorale propice aux débats de société et qu’un nouveau gouvernement prend place dans la Capitale-Nationale, le moment me semble bien choisi pour revenir sur une question qui me tient à cœur et qui devrait nous intéresser collectivement : l’enseignement supérieur.

Je pourrais bien sûr m’attrister des trop rares références aux enjeux de cet important maillon de notre système d’éducation durant la campagne électorale, mais je choisirai plutôt d’inviter le nouveau gouvernement à « continuer », comme nous le proposait son slogan. Continuer sur l’élan de notre Révolution tranquille, qui a fait de l’éducation et de l’enseignement supérieur les leviers de notre développement comme société. Sur l’élan d’une Révolution tranquille qui a notamment débouché sur la création des cégeps et favorisé l’accessibilité aux études postsecondaires, faisant de l’éducation et de l’enseignement supérieur le socle sur lequel s’est bâti le Québec tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Continuer parce que, malgré les importantes avancées résultant de ce choix collectif des années 1960, l’enseignement supérieur reste encore trop peu valorisé au sein de la population comme des gouvernements qui se sont succédé au fil des dernières décennies. Comme si, collectivement, nous nous limitons à mener nos enfants jusqu’au diplôme de cinquième secondaire sans avoir l’ambition qu’ils poursuivent leurs études au-delà de ce seuil. Et cela, même si toutes les données démontrent que les compétences transmises à l’enseignement supérieur sont plus essentielles que jamais dans un monde numérique. Et en oubliant qu’une formation générale de qualité comme celle qui est actuellement offerte par les cégeps est de plus en plus nécessaire pour assurer la pleine participation des citoyens et des citoyennes face aux enjeux complexes de notre société.

Continuer également parce que, malgré notre volonté de maintenir l’accessibilité de l’enseignement supérieur, il subsiste des angles morts, soit des jeunes et des adultes qui ne disposent pas des mêmes possibilités de réussite que les autres dans un Québec qui se targue pourtant d’offrir des chances égales à toutes et à tous. Collectivement, nous avons beaucoup investi dans les parcours scolaires primaire et secondaire, pour des résultats qui sont probants : entre 2002 et 2014, le taux de diplomation au secondaire est passé de 71,9% à 82,1%. Si certaines personnes cherchent à nuancer cette progression, il faut reconnaître que, globalement, les progrès accomplis sont indéniables et il faut en féliciter le réseau scolaire. Un effort similaire doit être fait pour les établissements de l’enseignement supérieur, qui ont besoin du soutien gouvernemental puisque leur taux de diplomation stagne depuis une vingtaine d’années.

Loin de moi l’idée de proposer de déshabiller Pierre pour habiller Paul, mais il tombe sous le sens, dans le contexte actuel, qu’il faut consacrer des efforts supplémentaires pour appuyer les cégeps et les universités qui ont notamment pour mission de former la masse des travailleuses et travailleurs destinés à occuper les emplois du futur et à combler les fonctions de travail en pénurie chronique de main-d’œuvre. Je m’explique mal qu’il faille encore faire la démonstration de l’importance du rôle de l’enseignement supérieur au Québec alors que tous les indicateurs démontrent que les emplois qui y sont actuellement créés requièrent majoritairement des formations collégiales et universitaires.

Par ailleurs, il faut également assurer l’agilité des formations postsecondaires. Cette agilité, tout comme la valorisation de l’enseignement supérieur, doit être le fait d’un effort collectif, et en particulier d’une mobilisation du gouvernement, des représentants et représentantes des centrales et fédérations syndicales et de tous les autres acteurs concernés du réseau collégial pour rendre les cégeps plus attractifs, en dégageant davantage de souplesse dans leur manière d’offrir de la formation tout en maintenant la qualité de celle-ci.

Continuer sur l’élan de la Révolution tranquille, c’est enfin permettre que les cégeps puissent accentuer leurs efforts pour soutenir le développement de toutes les régions du Québec, conformément au rôle que leur confiait déjà le rapport Parent. Récemment, le grand économiste Pierre Fortin a refait la démonstration de l’apport inestimable des cégeps depuis leur création. Son étude L’effet des cégeps du Québec sur le nombre total d’années de scolarité, publiée dans la revue canadienne Analyse de politiques de septembre 2022, démontre entre autres que c’est le cégep qui a permis au Québec de rattraper son retard par rapport à l’Ontario en ce qui a trait au nombre de diplômes postsecondaires.

Soyons fiers collectivement de cette grande innovation sociale québécoise que sont les cégeps et donnons-leur les moyens de soutenir l’avancement de notre société, une société égalitaire et juste, une société innovatrice, basée sur le savoir et capable de relever les défis de l’avenir. C’est ce que je demande au nouveau gouvernement!