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[numRevue]Mars 2014 • Vol. 9 No 1[/numRevue]
[lienPDF]https://www.fedecegeps.qc.ca/wp-content/uploads/2014/03/Perspectives-collégiales-Mars-2014.pdf[/lienPDF]

[titre]Favoriser le développement des cégeps pour le bien des collectivités[/titre]

Le Québec est en campagne électorale et les différents partis politiques en lice se bousculent sur les tribunes pour faire valoir les principales idées de leur plateforme. Pour la Fédération des cégeps, porte-parole des 48 collèges publics, le parti qui formera le prochain gouvernement devra obligatoirement prendre en compte les enjeux du réseau collégial public, en raison surtout du lien étroit qui unit les établissements à leur collectivité. Au nombre des questions qui appellent une réflexion, mais surtout des actions : la vitalité des cégeps dans toutes les régions, la stabilité financière des établissements, le financement de la formation continue, la recherche collégiale, et l’encadrement de la démocratie étudiante. Permettre une plus grande latitude dans l’offre de programmes d’études devra aussi faire partie des mesures à mettre en œuvre rapidement.

Toute campagne électorale au Québec amène son lot d’échanges et de promesses en lien avec l’éducation, ce qui n’est guère surprenant étant donné l’importance qu’accordent à cette question les Québécois. Pour la Fédération des cégeps, le débat doit cependant porter aussi sur les obstacles qui freinent encore trop souvent les cégeps dans leurs efforts pour former les jeunes et les adultes tout en contribuant à l’avancement socioéconomique de leur région.

[sousTitre]La vitalité des cégeps comme moyen de préserver celle des régions[/sousTitre]

Depuis bientôt 50 ans, comme le voulait le rapport Parent qui lui a donné naissance, le cégep est solidement enraciné dans son milieu, contribuant par le fait même à son développement. Dans chaque région, le cégep, c’est un lieu de formation ouvrant l’accès vers l’enseignement supérieur. Mais c’est aussi un pôle culturel et sportif, un centre de recherche dont les travaux contribuent à assurer la compétitivité des PME, un acteur du développement socioéconomique. Or, le déclin démographique qui touche plusieurs régions ou encore l’exode des jeunes vers les grands centres menacent l’équilibre de plusieurs cégeps. Selon les prévisions du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, le réseau collégial public perdra quelque 26 500 étudiants d’ici 2020. Une telle situation entraîne une baisse de masse critique d’étudiants dans des collèges qui, financés sur la base du nombre d’étudiants, risquent de connaître une insuffisance de moyens qui pourrait les forcer à fermer certains programmes d’études.

Mais, si l’on ne peut agir contre la démographie, des mesures peuvent néanmoins être prises pour en diminuer les effets sur les cégeps. « Une intensification du recrutement d’étudiants internationaux permettrait de soutenir les établissements plus fragiles durant la période creuse que nous traverserons au cours des six prochaines années. Il faudrait pour cela que le prochain gouvernement rétablisse le Programme de l’internationalisation de l’éducation québécoise voué au soutien des démarches de recrutement d’étudiants à l’étranger », souligne Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps.

Le déclin démographique qui touche plusieurs régions ou encore l’exode des jeunes vers les grands centres menacent l’équilibre de plusieurs cégeps. Selon les prévisions du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, le réseau collégial public perdra quelque 26 500 étudiants d’ici 2020.

La Fédération a aussi une autre solution à proposer aux partis qui souhaitent former le prochain gouvernement. « On pourrait attirer davantage d’étudiants vers les régions, dans des collèges affectés par la baisse démographique, en leur accordant des bourses de 3000 $ pour les encourager à s’inscrire dans un programme auquel ils n’ont pas accès dans un établissement de leur région. Si l’on permettait à 500 étudiants de se prévaloir de cette bourse, cela représenterait un investissement de 1,5 M $ par année, ce qui est plutôt raisonnable pour maintenir l’accès aux programmes d’études partout », précise Jean Beauchesne.

[boite]On trouve dans les cégeps…

  • 172 793 étudiants inscrits à un diplôme d’études collégiales (DEC)

57,7 % sont des filles
42,3 % sont des garçons
48,7 % des étudiants sont inscrits en formation préuniversitaire
45,8 % sont en formation technique

  • 26 024 adultes en formation continue créditée

11 918 à temps plein
14 106 à temps partiel

  • 27 156 employés, dont :

17 109 enseignantes et enseignants
1889 membres du personnel professionnel
6984 membres du personnel de soutien[/boite]

[sousTitre]De la stabilité financière pour une meilleure continuité des services[/sousTitre]

Faire en sorte que les cégeps puissent maintenir leur présence sur l’ensemble du territoire québécois passe aussi par une plus grande stabilité financière. Pouvoir mieux planifier, sur le plan budgétaire, est aussi gage de continuité, afin que les étudiants n’aient pas à subir d’interruption d’activités ou de services faute de financement. Or, entre 2011 et 2014, ce sont quatre compressions budgétaires que les établissements du réseau collégial ont dû essuyer, parfois même en plein milieu d’un exercice budgétaire, ce qui a par exemple entraîné une diminution des services psychosociaux et d’orientation. La Fédération estime par conséquent qu’assurer la stabilité financière du réseau collégial sur un horizon de cinq ans est devenu essentiel. D’autres mesures financières doivent aussi être prises. « De nouveaux besoins ont émergé au cours des dernières années et le financement n’a pas toujours suivi. Si l’on ne peut, par exemple, être contre la mise en œuvre de mesures visant à favoriser la réussite et la persévérance scolaires, il faut au moins pouvoir disposer des ressources pour les offrir. Les collèges doivent aussi composer avec de nouvelles obligations législatives et réglementaires, ce qui entraîne encore une fois des coûts supplémentaires. Ce ne sont que des exemples, auxquels on peut ajouter le financement insuffisant des constituantes, des campus et des centres d’études collégiales, qui jouent un rôle essentiel auprès de la population, ou encore l’offre de services aux étudiants ayant des besoins particuliers, dont le nombre croît de manière exponentielle », dit le PDG de la Fédération.

Photo2_JeanBeauchesne_Fedec

Crédit photo : Julie Artacho
« Les recommandations du chantier sur l’offre de formation collégiale créé à la suite du Sommet devront conduire le prochain gouvernement à donner plus de latitude aux collèges », dit Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps.

[sousTitre]Une pleine réponse aux besoins des adultes[/sousTitre]

Il faut parfois le rappeler, le cégep ce n’est pas que pour les jeunes. Chaque année, plus de 26 000 adultes fréquentent les services de formation continue de leur établissement collégial. Mais ce nombre demeure insuffisant, en particulier dans un contexte où les besoins en main-d’œuvre qualifiée se font pressants. Selon Emploi-Québec, 88 000 des nouveaux emplois à pourvoir d’ici 2021 demanderont une formation collégiale. Pendant ce temps, environ 7000 adultes au Québec attendent patiemment qu’un cégep leur ouvre ses portes. Pourquoi? Des obstacles relatifs au financement et à l’organisation de la formation continue freinent la capacité des cégeps à répondre à ces adultes qui sont pourtant en droit d’accéder à une formation collégiale. Une situation qui a déjà trop perduré, à laquelle la Fédération souhaite voir le prochain gouvernement mettre un terme, afin que tout adulte qui le souhaite puisse accéder à une formation au cégep, à temps plein ou à temps partiel.

[sousTitre]Une plus grande latitude pour l’adaptation des programmes[/sousTitre]

La Fédération des cégeps suit attentivement l’évolution des travaux qui découlent du Sommet sur l’enseignement supérieur et attend des partis politiques actuellement engagés dans la course vers le pouvoir qu’ils fassent de même, pour mieux y donner suite s’ils forment le prochain gouvernement. « Au Sommet, nous avons entre autres fait valoir que le temps était venu de modifier le règlement qui régit les études collégiales pour permettre aux cégeps de mieux adapter leurs programmes d’études techniques aux besoins évolutifs de certains secteurs professionnels. Ils doivent pouvoir ajuster la durée et le format de ces programmes et aussi définir certaines des compétences transmises, en fonction de réalités régionales par exemple. Les recommandations du chantier sur l’offre de formation collégiale créé à la suite du Sommet devront conduire le prochain gouvernement à donner plus de latitude aux collèges », dit Jean Beauchesne.

Également évoquée dans le cadre du Sommet, la question de la répartition stratégique entre les collèges de créneaux d’excellence liés à des programmes techniques intéresse aussi la Fédération, qui voit là une solution pour augmenter l’attractivité des cégeps, particulièrement ceux qui sont fragilisés par la réalité démographique. Il en va de même pour les autorisations de programmes, qui seraient distribuées plus stratégiquement sur le territoire tout en réservant l’exclusivité de certains programmes à des établissements choisis. Des idées qui ont d’ailleurs commencé à faire leur chemin puisqu’elles figurent dans le rapport d’étape du président du chantier sur l’offre de formation collégiale déposé au début du mois de février dernier.

[sousTitre]Une organisation de soutien à la recherche[/sousTitre]

Tout le monde n’est peut-être pas porté à associer naturellement recherche et cégeps. Pourtant, ces derniers sont actifs dans ce domaine depuis plus de 40 ans et leurs activités de recherche touchent aujourd’hui aux sciences naturelles et au génie, aux sciences humaines et sociales, et à la santé. Et c’est sans compter leur apport en matière de transfert technologique vers l’entreprise ou d’avancement des pratiques sociales, par l’entremise de leurs centres collégiaux de transfert de technologie. Or, si ces centres sont aujourd’hui bien reconnus, et financés en conséquence, il en va tout autrement de la recherche effectuée hors de leurs murs par le personnel enseignant des cégeps, qui mène souvent des recherches sur une base volontaire, sans que soit pleinement reconnu le temps qu’il y consacre. Jean Beauchesne croit donc que le prochain gouvernement devra agir pour soutenir la recherche au collégial. « Nous demandons depuis longtemps que le gouvernement investisse dans la création d’une organisation centralisée dédiée au soutien de la recherche dans les cégeps. Nous espérons voir le parti élu le 7 avril donner enfin suite à cette demande. Une telle structure, qui nécessite un investissement de 5 M $, offrirait un soutien aux chercheuses et aux chercheurs de cégep, dans leurs démarches auprès des différents fonds subventionnaires par exemple », dit-il.

[sousTitre]L’encadrement de la démocratie étudiante[/sousTitre]

« Si tout est maintenant rentré dans l’ordre, il faut se souvenir que le dernier conflit étudiant et surtout les injonctions qui en ont découlé ont sérieusement détérioré le climat social dans les collèges. Les jeunes dans les cégeps ont toujours exercé un droit de grève, mais il faut que cela se fasse dans le respect de l’équité pour tous les étudiants, qu’ils soient affiliés ou non à leur association étudiante », explique Jean Beauchesne. « Nous demandons par conséquent à tous les partis politiques d’envisager un encadrement de l’exercice de la démocratie étudiante sur le plan législatif, en balisant notamment la détermination du quorum et le mode de vote, qui, idéalement, serait secret. Et, c’est en période d’accalmie qu’il faut le faire », ajoute-t-il.

Le 7 avril prochain, quel que soit le parti qui prendra le pouvoir, le réseau collégial s’attendra à ce qu’il pose des gestes en lien avec l’ensemble de ces enjeux. Parce qu’il en va du développement des cégeps, mais surtout, en raison de la relation entre ces enjeux et les services que chaque collectivité attend de son cégep.